Oh my lair ! est un jeu solitaire du duo de frangins malaisiens formant Experimental playground. Ces deux zigotos produisent beaucoup de petits jeux extrêmement faciles à imprimer et à prendre en main dont Oh my Lair est un fier représentant. Sorti en 2012, le jeu est un agglomérat des forces de ces deux designers.
C’est l’une de leurs aspirations les plus soutenues: Oh my lair ! tient en une page, règles exclues. Extrêmement lisible et bien pensé, le jeu ne nécessitera que quelques coupes avant d’être effectif. Une poignée de pions carrés sur fond blanc, 4 tout petits marqueurs , un plateau de la taille d’une demi feuille et 5 dés vous lanceront dans l’aventure.

Lors de votre partie, vous incarnerez un seigneur des ténèbres pas si bien planqué qui doit d’urgence se préparer à l’arrivée d’un vil héros dans son repaire. Il vous faudra engranger des ressources et les dépenser au plus vite pour parsemer son chemin de créatures aptes à l’affaiblir puis à l’achever. Si le justicier arrive jusqu’à vous, c’est la fin. Si vous parvenez à l’abattre avant, vous êtes sauvé. Du moins jusqu’à la prochaine fois.
En premier lieu, il vous faut disposer un héros pioché au hasard sur la piste menant à votre planque puis un autre (appelé soldat) sur chaque zone de la carte. Quelques monstres se rendent disponible dans votre réserve et deux dés (appelés minions) entrent à votre service.
Lors de votre tour, vous devrez assigner vos dés à des taches simples (combattre un soldat protégeant une ressource, récupérer une ressource qui n’est plus protégée, prospecter pour de l’argent ou de nouveaux monstres). Une fois les actions attribuées, il vous faudra lancer chaque dé pour obtenir des résultats spécifiques. Lorsque tous les dés ont révélés leurs résultats et leurs effets variés puis que vous avez placé les monstres que vous avez pu engager sur son trajet, le héros avance d’une case.
Contrairement aux autres jeux de ce genre, les résultats nécessaires ne seront pas aussi simples qu’un banal 4+. Le jeu fonctionne par tranches fixes liées aux points noirs figurant sur les dés (en anglais pips). Il vous faut 3 pips pour obtenir une pièce d’or. Donc si le cumul de trois dés fait 8 (pas de chance), vous obtenez seulement deux pièces (3 pips X2 et 2 pips perdus). Ce système vous autorise à ne pas rouler de résultats précis mais à facilement calculer ce que vous obtenez à partir du résultat de plusieurs dés disparates. Un soldat a une défense de 4 ? Il vaudra enchainer les multiples de 4 pour le blesser.

Le jeu ne manque pas de prise de décision. Prospecter de l’or (partiellement nécessaire à l’enrôlement de monstres, à l’obtention de pions spéciaux et de nouveaux dés) ou des ressources ? Combien de dés attribuer à chaque tache ? La plupart des résultats que vous devrez obtenir sont élevés et vous manquerez généralement de temps et de main d’oeuvre. Chaque jet manqué est un couteau qui se rapproche de votre cœur. Vous n’avais jamais assez de dé pour vous assurer à la fois un résultat confortable (et donc une ressource à coup sûr par exemple) et une avancée sur un front parallèle (enrichissement ou combat).
La plupart de vos affrontements avec le héros se déroulement d’ailleurs sur le fil, aux portes de votre domaine, quelques cases seulement avant votre anéantissement. Vous devez vous débarrasser des soldats pour pouvoir extraire des ressources, vous devez découvrir des créatures avant de pouvoir les enrôler. Les quelques étapes supplémentaires ainsi créées consument un temps précieux pendant lequel le héros se rapproche. Enfin, si par malheur il vous arrive de ne pas blesser un soldat suite à un jet de dé, vous perdez un minion !
Quelques doléances toutefois pour un jeu qui n’est bien sur pas parfait. La piste de ressource par exemple n’est pas assez large pour accueillir toutes les pions à la fois. C’est légitime si on envisage la difficulté de faire tenir le jeu sur une page unique mais ne nous facilite pas la tache lors de certaines manipulations. La zone que j’utilise pour circonscrire mes créatures non plus (l’inscription oh my lair du plateau). Ce qui veut dire qu’il faut stocker les monstres disponibles aux alentours du plateau et c’est fatalement moins agréable.

Oh my lair ! profite des dessins stylisés et discrètement peaufinés au fil du temps de l’un des frères Sondoh. L’historique des jeux d’Experimental playground nous révèle qu’en effet, une progression est non seulement constatable mais nous amène en sus aux graphismes les plus agréablement relâchés qui existent. L’ambiance colorée et faussement prépubère apporte beaucoup au plaisir de jeu mais ne destine absolument pas cette expérience aux seuls enfants. En effet, si un enfant se cassera idéalement la cervelle pour déterminer quelle sera sa meilleur action, un adulte trouvera en chaque partie une agréable détente. Le jeu reste donc très disponible pour chacun.
Experimental playground utilise systématiquement la même signalétique, claire et immédiatement appréhendable. Une signalétique qui se transforme vite en confort lorsqu’il s’agit d’accumuler leurs jeux dans notre collection. Leur symbolique se passe de commentaire. Elle fait partie integrante de leurs designs et s’apprécie comme telle, renforçant encore l’impression d’unité de leur gamme et la force de leurs pourtant très classiques thèmes.
Oh my lair ! est un jeu d’improbable optimisation. Il est autant rapide à jouer qu’à perdre car vous ne disposez que de 15 tours pour espérer vous débarrasser de la menace du héros qui fond sur votre repaire. La première partie du jeu vous demandera de débloquer puis d’amasser un maximum de ressources tout en multipliant vos dés tandis que vous devrez ensuite vous acharner à faire apparaitre un maximum de créatures sur le chemin du héros lorsqu’il se rapproche de votre cachette. Le problème ? Vos jets de dés ne seront jamais sources de sécurité. Combattre un ennemi est rarement gagné d’avance et recevoir la ressource convoitée s’avèrera parfois très difficile. Vous grignoterez des ressources pourtant nécessaires tout au long de la partie et devrez constamment lutter entre leur difficile amassement et leur utilisation rapide.
Enfin, ça n’est pas officiel mais le jeu est aussi agréable à deux joueurs, dans une sorte de délicieuse coopération informelle. On balance nos décisions en les soupesant à deux un peu comme on joue à un jeu vidéo à deux mais sur une manette.
Il est possible de télécharger tous leurs jeux sur une page dédiée de leur blog. Oh my lair ! se trouve spécifiquement ici, en français, en russe, en espagnol ou en anglais. Si vous optez pour l’anglais (très facile à lire et mémoriser), soyez sûr de télécharger la V2 qui contient quelques pions absolument nécessaires pour faire passer le jeu d’un cauchemar impossible à gagner à un tower defense gentiment équilibré en votre faveur. Vous pourrez toujours les ignorer après coup.
Oh my lair! est aussi disponible gratuitement sur téléphone ! Mais uniquement sous android.
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